'2o'*: on Odile Ouizeman art gallery and it’s artists / news / videos / miscellania: previous show

Vernissage le 21 juin 2011, 18h/22h / Opening june 21, 6/10pm

Avec l’aimable participation de / with the kind support of Havana Club

21 juin / 30 juillet 2011 - june 21 to july 30

INTERRUPTION FASHION WEEK 24 juin/2 juillet

the show will be suspended from june 24 to july 2

La galerie Odile Ouizeman est heureuse de présenter l’exposition de Duvier el Dago, artiste présent au pavillon cubain de la biennale de Venise 2011, qui inaugura en 2007 l’ouverture de la galerie.

Pour cette exposition, il continue par le biais de ses installations à observer les enjeux politiques liés l’omniprésence de l’armement.

Les œuvres de Duvier Del Dago, sont une véritable mise en abyme des images, visibles ou apparaissantes, qui se dessinent et se répondent. Image dessinée, image nouée, image auratique, celles-ci s’entremêlent et tendent à se révéler l’idée de sculpture.

Le geste initiateur de Duvier del Dago, dans la réalisation de ses sculptures/installations, fait référence au mythe d’origine de l’art pictural. Dibutade de Sicyone, artisan potier, réalise le premier la figure humaine avec de l’argile d’après l’ombre du visage dessiné par sa fille pour garder l’image de l’être aimé parti pour l’étranger. La jeune fille trace fidèlement sur le mur le contour de l’ombre portée avec du charbon. Ce contour, devenu trait puis sculpture, trouve son écho dans l’acte plastique inaugural réalisé par Duvier : Il trace le contour du corps sur le support qui lui permettra d’installer ses fils, de tisser sa toile. Dibutade est un artisan/artiste et illustre ainsi l’idée grecque de la tekne.

Dans cet aller-retour entre art et artisanat Duvier nous suggère, par cette esthétique que l’on pourrait peut-être nommer rétro-futuriste, une réflexion sur le temps qui se dilue et ouvre vers un espace-temps incertain. Univers incorporel ? Un temps où le corps s’efface ou apparaît, livré ou délivré de la fibre vivante, assujetti parfois à l’image vidéo qui l’anime et le renouvelle, la légèreté de l’être se définit-elle par le suspens, par ce qui flotte, par l’imperceptible du visible ?

Des jours pour tendre ces fils, laisser la main dérouler le fil de l’histoire. Duvier crée un art atemporain 1, une œuvre où le temps se dissout et se recompose comme devenir.

Le geste traditionnel est renouvelé, le fil sublimé sous ses doigts, du nœud au trait « (…) je tire autour du dessin des filets de langue, je tisse plutôt à l’aide de bâtons et lettres, une tunique d’écriture où capturer le corps du dessin (…) » 2

Le terme italien disegno, qui signifie à la fois dessin et projet, fait sens au regard de cette œuvre. Héritier du dessin de la renaissance, Duvier se trouve plus impliqué dans la création d’un univers que dans sa représentation. Comme L’homme de Vitruve où Léonard de Vinci démontre que toutes les facettes de son savoir sont liées, les œuvres de Duvier del Dago rassemblent et éclatent, conduisent le dessin hors de ses limites, captent notre regard pour mieux le perdre…

1 Selon la formule de Félix Guattari dans un entretien avec Olivier Zaham, 28 avril 1992, revue Chimères

2 Jacques Derrida, Mémoires d’aveugles, p.44.